Avril-mai 2024

Après de nombreuses hésitations sur la meilleure division de nos articles, nous avons finalement trouvé un compromis — pas parfait, mais le meilleur dans les circonstances. Même si le dernier article sur la partie sud-est du pays se terminait avec notre arrivée à Gjirokastra, nous allons inclure un autre site incontournable en Albanie : Berat. Ensuite, nous poursuivrons vers Gjirokastra.

Si vous êtes curieux de savoir comment Berat s’intègre dans l’itinéraire, n’hésitez pas à consulter l’article qui détaille notre road trip de trois semaines en Albanie, avec un itinéraire jour par jour. Où cliquez sur cette carte Google pour un raccourci. Assez parlé, partons à la découverte de Berat !

Berat

Il faut que ça soit dit, car sinon impossible de continuer. Je parle bien sûr du surnom de Berat – “la ville aux mille fenêtres”. Pas besoin d’expliquer la signification de ce nom, mais mon dieu, combien on s’en lasse après l’avoir vu PARTOUT. Cela dit, il va à Berat à merveille. La ville de Berat est très ancienne — elle remonte à plus de 2 400 ans ! Elle a commencé comme une colonie illyrienne au IVe siècle avant J.-C., puis a absorbé les influences des dominations romaine, byzantine et ottomane qui se sont succédé au fil des siècles. Se promener à Berat, c’est comme faire une balade à travers l’histoire, et avec le recul, je regrette que nous n’ayons pas pris une visite guidée pour en apprendre davantage.

Château de Berat

Monter jusqu’au château de Berat est une activité incontournable lorsque vous visitez la ville. Bien qu’on puisse parcourir une bonne partie du chemin en voiture, nous avons décidé de grimper tout à pied (quel exercice !), en suivant la route pavée. Est-ce que ce château est aussi impressionnant que les nombreux autres disséminés à travers l’Albanie. La réponse est un oui ferme. Ce n’est pas simplement un château ; c’est une véritable ville à l’intérieur de la citadelle, et c’est là que Berat a vu le jour. Les parties basses de la ville, avec leurs fortes influences ottomanes, sont apparues bien plus tard. La zone du château, aussi appelée Kala, est un endroit magnifique et paisible, et complètement dévoué au tourisme (selon nos observations). Nous avons eu de la chance – à part le point de vue surplombant Berat nous étions quasiment seuls à explorer le château et tout ce qui vient avec.

N’hésitez pas à prendre le temps d’explorer les nombreuses ruines à l’intérieur de la citadelle de Berat. Ne manquez pas de visiter l’intérieur et l’extérieur de l’église de la Sainte-Trinité, et de profiter tout simplement de cet endroit chargé d’histoire. Nous avons passé un bon moment à flâner tranquillement dans chaque rue, au point de refaire le tour deux fois (ce n’était pas le plan !). Aucun regret — le lieu le mérite bien.

Une fois redescendus du château, nous avons exploré les parties “plus récentes” de Berat, des deux côtés du fleuve — Mangalemi et Gorica. Leurs rues sinueuses ressemblent à un labyrinthe, menant parfois à des impasses, mais la balade est très belle et aussi assez sportive. Comme dans la plupart des villes albanaises, Berat subit de nombreuses rénovations et transformations, mais pour l’instant, tous les apports modernes semblent très réussis.

À la tombée de la nuit, nous nous sommes dirigés vers la partie la plus moderne de la ville pour prendre un verre dans l’un des nombreux bars, cafés et restaurants. On avait l’impression que toute la population de Berat s’était rassemblée là pour leur promenade du soir habituelle — une expérience à ne pas manquer, même si l’architecture de cette zone n’a rien de particulièrement remarquable.

Malheureusement, notre expérience culinaire à Berat a été plutôt décevante. Les endroits recommandés dans les guides et les blogs qu’on suit, étaient fermés, et celui où nous avons mangé au final était vraiment mauvais. Par contre, notre Airbnb, la Villa Darla, était charmant, malgré ses toilettes dorées un peu excentriques.

Parc archéologique d’Antigonea

Reprenons maintenant l’histoire là où nous l’avions laissée dans l’article sur l’est. Épuisés après une belle journée chargée d’émotions dans le canyon et une heure de route vers Gjirokastra plus tard, nous sommes arrivés au parc archéologique d’Antigonea — notre premier, mais certainement pas notre dernier site antique de ce voyage. Le temps est passé d’un ciel chaud et ensoleillé à des nuages gris lourds de pluie. Puis, la tempête a éclaté. Nous avons dû attendre dans la voiture, avec l’impression d’être les derniers humains sur Terre — une sensation très délicieuse ! Quand la pluie a finalement cessé, elle nous a découvert un panorama spectaculaire, et nous avons pu sortir explorer le parc. Cette cité antique, fondée par le roi Pyrrhus d’Épire au IIIe siècle avant J.-C. et nommée d’après sa femme Antigone, n’a pas duré longtemps — pas plus d’un siècle — mais ses nombreuses vestiges nous ont permis de retracer son passé. Avec des éclairs et du tonnerre en toile de fond, la visite de ce lieu avait quelque chose de surréaliste. Un véritable moment hors du temps.

Gjirokastra

Nous sommes arrivés à Gjirokastra de nuit, alors que la tempête a repris – nous étions trempés comme des chiens mouillés. Le premier défi a été de trouver un endroit pour se garer — à Berat, nous n’avions pas ce problème, car ces jours-là, notre moyen de transport était ce malheureux scooter idiot (en savoir plus sur cette mésaventure dans l’article principal…). Si Berat semblait escarpée, alors Gjirokastra atteint un tout autre niveau ! Les altitudes folles de la ville rendaient la simple marche depuis la voiture jusqu’à notre maison d’hôtes digne d’une vraie randonnée. Quant à notre hébergement, il était excellent. C’était une véritable maison ottomane, avec les propriétaires qui vivent sur place (pas d’anglais, mais cela ne nous a posé aucun problème). Guesthouse 1805   est facilement l’un de nos meilleurs logements de tout notre voyage.

Gjirokastra nous a conquis. À ce moment-là, nous avions hâte de rejoindre la dernière étape de notre périple — la côte — mais dès le premier coup d’œil sur la ville le matin, nous avons regretté de ne pas avoir plus de temps à consacrer à cette ville fascinante. Gjirokastra, souvent appelée “la ville de pierre” (oui, après les mille fenêtres de Berat, voici la pierre), se distingue par ses manoirs ottomans et très bien préservés ainsi que ses rues pavées et escarpées. Explorer Gjirokastra demande une bonne condition physique, une question nous  tournait en tête – comment les personnes âgées ou à mobilité réduite faisaient pour gravir ces pentes ? L’architecture nous a éblouis — oui, Berat était magnifique, et oui, les manoirs de Korçë sont splendides, mais les maisons ottomanes de Gjirokastra ne ressemblaient à rien de ce que nous avions vu lors de nos voyages.

Pendant ce tour de l’Albanie, nous n’avons pas visité beaucoup de musées, à l’exception de deux à Tirana, mais à Gjirokastra, nous avons commencé par le musée ethnographique — notre objectif était de voir autant de maisons ottomanes que possible, et vu que le musée se trouve dans une d’elle, on a pu faire d’une pierre deux coups. Le musée est excellent, et nous le recommandons vivement à tout le monde. De manière générale, nous avons été agréablement surpris par la grande qualité des musées albanais, mais j’en parlerai plus en détail sur nos expériences préférées en Albanie.

Une autre maison ottomane que je tenais absolument à visiter était celle d’Ismail Kadare. Ce fut notre dernière étape à Gjirokastra, et nous sommes arrivés une demi-heure avant la fermeture — ouf ! Oui, c’est bien le même Kadare qui nous avait accompagnés tout au long du voyage et dont nous avions visité l’appartement à Tirana. L’auteur est né à Gjirokastra et sa maison natale est maintenant un musée aussi. Malheureusement, Ismail Kadare est décédé peu de temps après ce voyage, alors que j’étais en train de publier nos articles sur l’Albanie. Je suis touchée de penser que nous avons visité son pays alors qu’il était encore parmi nous. Ce musée aussi était très bien fait, combinant harmonieusement littérature, histoire et architecture — un mélange donc parfait.

Un autre site incontournable à Gjirokastra est sa forteresse. Perchée sur une colline comme un véritable château, elle domine la ville et offre une vue panoramique à couper le souffle sur la vallée du Drino. Cette forteresse remonte au XIIe siècle et a connu de nombreuses extensions au fil des siècles — les visites guidées peuvent vous fournir des informations plus détaillées. Nous avons déjà parlé des châteaux de Shkodër et de Berat, mais la forteresse de Gjirokastra est vraiment unique — elle est immense ! À l’intérieur de ses voûtes, elle abrite un musée militaire, et je ne suis pas sûre d’avoir déjà vu des forteresses aussi hautes. La page d’informations à l’entrée recommande une visite d’une heure et demie (sans compter le musée), mais je vous conseille de prévoir au minimum deux heures pour bien profiter de l’endroit.

Notre recommandation culinaire à Gjirokastra serait sans aucun doute la Taverna Kuka — sa décoration est de bon goût, le service impeccable, et la nourriture délicieuse. Nous y sommes allés deux fois et nous n’hésiterions pas à y retourner.

Voilà qui conclut notre visite de ces deux magnifiques villes qui méritent absolument leur place sur la liste du patrimoine de l’UNESCO. Devant nous est la dernière étape de notre aventure albanaise — préparez-vous à découvrir ses nombreuses plages aux eaux turquoise !

Comme toujours, nous serions ravis de lire vos commentaires et réflexions, alors n’hésitez pas à nous laisser un message. :)

Pint it!