Notre époque est tellement progressive qu’un voyage autour du monde peut durer non seulement moins de 80 jours, mais aussi moins de 80 heures. Les avions avec les correspondances les plus inattendues permettent de traverser des distances dingues pendant un temps qui ne suffirait même pas pour à dormir. Je pense vous savez déjà tout ça. Contempler les paysages, sentir chaque kilomètre parcouru fait aussi partie du voyage. C’est pourquoi cette fois nous avons décidé d’aller de Toulouse à Kiev à l’ancienne, ce qui veut dire en train. Voici comment ce périple s’est passé.
Train N1 : Toulouse – Paris
76€ – deux billets pour le train de nuit
00:48 – 07:30
Bizarrement, il n’y a toujours pas de connexion directe entre Toulouse et Kiev, on était donc obligé de changer plusieurs fois de train. La première étape dans cette aventure était le train de nuit ordinaire, quoique dans un certain sens puisque les trains de nuit ont perdu de leur importance avec les trains à grande vitesse. De toute façon ce train était très décevant : 6 lits dans un compartiment minuscule où il y a tout juste la place pour entrer et s’allonger, rien de plus. Trop petit pour 6 personnes, c’est bien qu’on n’y passe pas plus de temps de ce qu’il faut pour dormir. La gare d’Austerlitz est très agréable le matin sans la foule et le bruit habituels. Quant à Paris… C’était une journée fantastique, mais de Paris on parlera une autre fois. :)
Train N2 : Paris – Moscou (sortis à Varsovie)
240€ – deux billets en compartiment de 4 places; le prix inclut les réductions pour un moins de 25 ans.
20:05 – 16:37 (départ chaque samedi depuis la Gare de l’Est)
Le légendaire train Paris-Moscou est opéré par la non moins légendaire Compagnie des chemins de fer russes, ou « RZD ». Commençons par l’achat des billets. Il est étrangement impossible d’acheter les billets dans les gares ou via le site internet de la SNCF. Nous étions dirigés vers des agences de voyages qui peuvent réserver ces billets. Je ne veux même pas imaginer combien coûte ce service qui est aussi difficile et malin que la réservation des billets d’avion par internet. Nous nous sommes donc tourné vers le site internet de RZD et nous avons été surpris de constater que le site marche très bien : on peut choisir, réserver, payer en ligne et imprimer ses billets sur une simple feuille A4. Les seules contreparties sont l’obligation de s’inscrire sur leur site et de payer une commission pour la conversion de devise (on a dû payer vers 4€).
Voilà notre rituel adoré : les hôtesses de trains en uniforme pour chaque wagon, le thé dans les verres avec les « podstakanniki » – sous-verres en métal – le truc traditionnel dans les pays d’ex-URSS. RZD ne serait pas « R » si leurs verres n’étaient pas recouverts de slogans vantant la Victoire contre les nazis il y a 70 ans. Le train était superbe, les couchettes très confortables, le compartiment spacieux et il y avait même douche !
On avait de la chance d’être seuls dans le compartiment jusqu’à Berlin, nous étions libres de rependre l’odeur de nos fromages français et de brandir notre canne à pêche, sans laquelle on ne pouvait définitivement pas aller à Kiev.
Dans ce train magique il y a un vrai wagon-restaurant avec de vrais plats, un vrai cuisinier et des prix honnêtes. Hormis les plats habituels, on peut y goûter… le steak de kangourou.
26€ – repas dans le wagon-restaurant pour 2
Train N3 : Varsovie- Kiev
200€ + 40€ – deux billets de train + le payement additionnel pour le compartiment privé.
16:50 – 10:32
L’heure du retour à la réalité a sonné et notamment aux Chemins de fer Ukrainien (UkrZaliznytsia). La comédie a commencé lors de l’achat des billets. En ligne il est possible de les acheter UNIQUEMENT sur le site de PolRail (les chemins de fers Polonais) et là, on a découvert une nuance marrante. Dans ce train il y a les compartiments pour 3 et pour 2 personnes. Naturellement le compartiment pour 3 personnes et moins cher, nous avons donc réservé ces billets là, mais nous avons tout de suite reçu un mail qui nous informait que pour respecter la morale et la pudeur, les compartiments sont séparés pour les hommes et les femmes. C’est épique, surtout sachant que ceci est valable uniquement pour le sens Varsovie – Kiev, mais de Kiev à Varsovie on peut se livrer à la débauche du mélangisme. Bref, 40€ de plus et on a reçu par la poste une semaine plus tard nos billets imprimés sur un formulaire spécial (pour une raison quelconque – sur un formulaire de DB où tout était en allemand) pour notre compartiment conjugal. En y réfléchissant, peut être ont ils raison de séparer les compartiments, il s’agît après tout du confort personnel.
Le changement de train était nickel. Nous sommes sortis sur la plateforme, où sur la voie opposée notre prochain train est arrivé, il ne fallait même pas aller explorer la gare de Varsovie. 25 minutes étaient plus que suffisantes.
Ce train était pitoyable. Je me déteste pour ces mots, mais après le train Paris-Moscou, celui-là donnait l’impression d’être construit à partir de vieilleries d’un grenier abandonné. C’était impossible d’être assis confortablement sur les sièges qui étaient couverts de tapis bizarres, une échelle qui traînait, les clous qui étaient en train de partir de la fenêtre… Soudain, j’ai eu très mal au cœur. L’Ukraine est comme ça – très touchante. Le seul avantage – le lavabo dans le compartiment, mais il nous a fallu un moment pour comprendre qu’il était là.
Cette partie du voyage était la moins agréable. C’était horriblement merdique d’être assis comme ça, il faisait chaud, en plus notre wagon était rempli d’étudiants européens qui ne cessaient d’explorer les corridors. Il fallait aussi survivre le passage de frontière. Ce n’était pas uniquement le contrôle des passeports, mais aussi le changement d’écartement des essieux, évidement les chemins de fer Ukrainiens ne correspondent pas au standard européen. Dieu merci, on avait l’ordinateur avec des films. Ce train ne valait pas du tout son prix. Je pense, que tous les gens qui préfèrent le train Varsovie-Kiev doivent vraiment avoir peur de la hauteur. Je tiens à préciser que tous les trains ne sont pas ainsi en Ukraine, les trains de nuits sont généralement plus confortables et conviviaux ; et il existe des express ultra-modernes qui relient les grandes villes du pays.
La conclusion: c’était drôle et intéressant, agréable et relaxant, mais malheureusement faire un voyage pareil en train coûte plus cher que n’importe quel avion qu’on aurait pu prendre. Ce qui est très triste puisque les trains sont beaucoup plus écologiques et…plus naturel je dirais.
Maintenant nous sommes à Kiev et nous allons longuement vous en parler !
Durée :
3 jours / 3 nuits
Dans le train :
43:46
Trains :
Toulouse – Paris
Paris – Varsovie
Varsovie – Kiev
En total :
556€ pour les billets
Leave A Comment