Août-septembre 2024
Laissez-moi vous raconter comment naissent nos projets de voyage. Un jour de juillet, j’ai aperçu une affiche dans une librairie de Toulouse qui faisait la pub du festival annuel de photojournalisme, Visa pour l’Image. Ce festival a lieu chaque année à Perpignan, et en regardant l’image de la guerre en Ukraine sur cette affiche, j’ai pensé que c’était enfin l’occasion d’y aller. Ce festival était depuis longtemps sur notre radar, mais nous n’avions jamais envisagé Perpignan comme destination en soi… jusqu’à maintenant. Pourquoi ne pas prendre un train et passer une journée à Perpignan, après tout ?
Alors, j’ai rapporté cette idée à la maison pour en discuter avec Xavier. De fil en aiguille, ce projet d’une journée à Perpignan s’est transformé en un séjour de quatre jours dans les Pyrénées-Orientales. Il ne nous en faut pas beaucoup pour trouver des excuses pour une nouvelle escapade !
Nous connaissons déjà bien cette région : notre premier voyage dans les Pyrénées-Orientales remonte à 2018 (et pourtant cet article-là n’a pas encore vu le jour). Puis, en 2021, lorsque notre ami est venu nous rendre visite à Toulouse, nous avons improvisé une petite escapade dans le Languedoc-Roussillon avec Collioure dans notre itinéraire. Bref, il n’y avait pas besoin d’explorer chaque recoin de la région cette fois-ci et nous pouvions nous détendre et bien profiter de l’ambiance estivale.
Argelès-sur-Mer
Partir sur la Côte Vermeille en pleine saison était une idée audacieuse pour ne pas dire “folle”. La côte s’étend d’Argelès-sur-Mer jusqu’à Cerbère, le village frontalier avec l’Espagne. C’est une destination estivale prisée non seulement par les touristes français mais aussi par leurs voisins. Et pour cause : criques splendides, calanques, falaises et charmants villages – il y a de quoi s’occuper ! Cependant, on a eu de la chance – je n’ai pas eu la sensation d’être trop submergée par la foule, sauf à Collioure, mais on en parle plus tard.
Une fois arrivés au camping, nous avons enfourché nos vélos et pédalé jusqu’à Argelès-sur-Mer. Quelle magnifique petite ville baignée de soleil ! Des maisons colorées, des bars servant de la sangria, des touristes déambulant tranquillement dans le dédale de ruelles… c’était une belle surprise. Je ne m’attendais pas à l’apprécier, craignant la foule et l’ambiance trop touristique, mais non, pas du tout. Argelès-sur-Mer est petite, mais nous y avons passé un long moment toutefois.
Où manger à Argelès-sur-Mer : une petite recommandation du bar Au Vin 20, où, sous un grand arbre, nous avons dégusté notre premier verre de Banyuls et goûté aux tapas avec des anchois – une spécialité locale.
Argelès Plage
Il y a la vieille ville d’Argelès, mais il y a aussi Argelès-Plage se trouve à trois kilomètres du centre. Argelès comprend une étendue de plage de sept kilomètres avec toutes les attractions de bord de mer qu’on y trouve normalement : bars, restaurants avec un très mauvais rapport qualité-prix, boutiques avec des tatouages temporaires et serviettes de plage, et de longues files pour les glaces. Une scène balnéaire des plus classiques. Mais c’était une agréable surprise (encore !) : la plage et ses infrastructures sont en excellent état, le long de plage il y a beaucoup de beaux bâtiments plus ou moins anciens. Vu que je m’attendais à voir des constructions en béton identiques, c’était une merveilleuse découverte! Et depuis la plage, on apercevait le contour des falaises, un beau paysage à contempler en trainant sur le sable avec une glace qui coule sur les mains.
Collioure
Collioure, bien sûr. La ville la plus célèbre de la Côte Vermeille et l’une des préférées du Sud-Ouest. Quand j’ai découvert Collioure pour la première fois en février il y a six ans, c’était un coup de foudre – un vrai joyau méditerranéen, qui a tout : une forteresse, des plages, la nature, un beau vieux centre. Pas étonnant que des artistes comme Matisse et Picasso aient adoré cet endroit, d’ailleurs, c’est toujours d’actualité – les artistes adorent Collioure ! Une chose à savoir sur Collioure, c’est qu’en été, c’est noir de monde. Il y a trois ans, y aller en voiture a été la pire décision du voyage – une erreur qu’on ne reproduira pas. Cette fois-ci – le vélo uniquement.
Où manger à Collioure : Il faut aussi savoir que les restaurants ici peuvent être très chers — la popularité de la ville est à blâmer. On voit souvent des plats scandaleusement chers (18 € pour une salade César !) et la qualité ne justifie pas toujours le prix. C’est peut-être pour cela qu’on trouve autant de stands de crêpes ou de tranches de pizza à emporter — une bonne alternative. Quant à nous, nous avons retenu la leçon et nous sommes contentés d’anchois achetés dans une boutique des spécialités locales pour un pique-nique dans notre van.
Cela dit, rien de tout cela n’enlève au charme de Collioure. Se détendre avec une glace sur le quai, regarder le coucher de soleil baigner la forteresse et les bateaux (une autre caractéristique de Collioure) d’une lumière dorée, c’était parfait pour dire au revoir à août.
Sentier littoral
Depuis Port-Vendres jusqu’à la Plage de Paulilles
Le sentier littoral de la Côte Vermeille est absolument incontournable dans les Pyrénées-Orientales. Il fait partie d’un itinéraire plus large qui s’étend jusqu’en Espagne, jusqu’à Cadaqués, mais nous allons rester pour l’instant sur le côté français. 🙂
Comme son nom l’indique, ce sentier de randonnée longe la côte méditerranéenne à travers un décor spectaculaire : falaises, mer, vignobles, et villages catalans pleins de charme. Le sentier commence à Argelès et s’étend jusqu’à Cerbère, une petite ville frontalière — 32 kilomètres de vues ma-gni-fi-ques. Pour nous un tronçon plus court a fait l’affaire : 8 kilomètres de Port-Vendres à la Plage de Paulilles, que nous avons parcourus en environ deux heures et demie, pauses plage et photo non comprises.
Le sentier littoral depuis Port-Vendres jusqu’à la Plage de Paulilles :
Distance totale : 8,75 km
Temps sans pauses: 2:24:43
Temps avec pauses: 3:46:35
Dénivelée positive : 308 m
Le site officiel des Pyrénées-Orientales a une page détaillant chaque partie du sentier, mais je ne pourrais que trop recommander le bout que nous avons parcouru. Il nous a permis non seulement d’explorer Port-Vendres — une ville de pêcheurs pour laquelle je n’avais pas de grandes attentes, mais qui s’est révélée belle, authentique, et bien moins fréquentée que Collioure — mais aussi de voir le fameux Cap Béar avec son phare, de nager dans des criques magnifiques, et de profiter d’une randonnée pittoresque sans trop d’efforts physiques. C’était une grande aventure concentrée en trois heures seulement.
La météo a encore joué avec nous. Un soleil éclatant a soudain été remplacé par un épais brouillard, me donnant un sentiment de déjà-vu de mon voyage aux falaises de Moher en Irlande l’année dernière. Dans ce voyage, mon amie et moi avions passé deux heures dans un bus, pour être finalement accueillies par un mur de brouillard masquant les falaises que nous étions venues visiter. Heureusement, cette fois-ci la brume n’a pas duré toute la journée, mais a bien ajouté une touche de mystère à notre aventure.
Avant d’arriver à la Plage de Paulilles, notre arrêt final, nous avons pris une longue pause sur une petite plage dans une crique isolée — la Plage des Oursins. Ces moments de calme rendent un voyage inoubliable. J’ai regretté de ne pas posséder d’équipement de plongée, car nager dans cette crique avec un masque devait être un régal ! Mais simplement flotter sur le dos dans les eaux méditerranéennes dorées était bien aussi.
Puis c’était terminé. Nous avons marché le dernier kilomètre jusqu’à notre destination finale et avons ensuite pris le bus n° 540 pour retourner à Port-Vendres. C’est toujours drôle et un tout petit peu frustrant de voir comment le bus parcourt en vingt minutes ce que nous avons mis plusieurs heures à randonner. Mais le bus a-t-il nagé dans la mer ? A-t-il vu le phare du Cap Béar dans la brume ? Eh non.
Camping à Collioure
Où dormir à Collioure : Vu comment cette région est prisée, surtout en été, il est sage de s’occuper de l’hébergement le plus tôt possible. Nous voyagions avec notre van, Robbie, et avons décidé cette fois de séjourner dans un camping, le camping sauvage étant hors de question. Les alentours de Collioure, et surtout Argelès, regorgent de campings. Mais lorsque nous avons essayé de réserver un emplacement, devinez quoi : il n’y avait plus aucune disponibilité. J’ai bien dit que Collioure était touristique ? 😅
Finalement, le seul camping avec une place disponible était le Camping Les Amandiers. Avec sa note Google de 3,5 étoiles, ça donnait moyennement envie, mais c’était notre seule option. Et au final, ce fut un excellent choix ! Les commentaires sur Google le critiquaient pour être sale et exigu, sans espace entre les emplacements. Ce n’est pas totalement faux, mais compte tenu de la géographie et de la nature du sol, il est pratiquement impossible d’éviter la poussière dans tous les coins du van ou de la tente. Je suis même surprise qu’avec ces conditions — une surface poussiéreuse, sèche et rocailleuse — ils aient réussi à aménager un camping aussi mignon à moins de 2 km de Collioure, avec un accès direct à une jolie petite plage ! Et croyez-moi, ne pas avoir à se garer dans Collioure est bien plus précieux qu’une note Google plus élevée. Bref, un gros coup de cœur pour le Camping Les Amandiers. Et non, ce n’est pas une pub, mais ça aurait pu l’être.
Perpignan & Visa Pour l’Image
On arrive au moment phare et à la raison principale de notre voyage : le 36e Festival International de Photojournalisme à Perpignan, qui se tient chaque année en septembre. Quelques mots sur son organisation : les expositions sont réparties sur une dizaine de lieux dans le centre de Perpignan, bien que les plus grandes et les plus intéressantes soient situées au Couvent des Minimes et à l’Église des Dominicains. La ville entière est mobilisée pour l’événement, et il est impossible de manquer la brochure avec un plan détaillé et une description de chaque photographe et de son travail.
Une chose à savoir sur le Visa Pour l’Image : ce n’est pas un événement joyeux. Vous aurez probablement un haut-le-cœur, et c’est naturel. Les photos sont d’une qualité exceptionnelle, mais leurs sujets explorent les aspects les plus sombres et déprimants de notre monde, tout ce qui ne va pas avec. Rien que d’en parler me fait revivre ce sentiment d’étouffement que j’ai ressenti là-bas. Guerres, injustices sociales, conséquences du changement climatique… tout est réuni ici. J’ajoute ici le programme du festival de cette année pour donner une idée.
J’étais en lambeaux. Nous avons commencé par une exposition sur les adolescents en France, accros à leurs smartphones — de quoi détruire notre moral dès le départ, mais nous avons vite compris que c’était l’une des expositions les plus douces. En bref, c’est un festival incroyable, mais si vous vous sentez vulnérable, il vaut mieux éviter les expositions les plus sensibles.
La tête pleine, nous nous sommes dirigés vers La Carmagnole pour le déjeuner — un lieu délicieux et abordable, qui changeait agréablement des pièges à touristes de Collioure. La pluie commençait enfin à ralentir. J’ai trouvé d’ailleurs très ironique que Perpignan — l’une des villes les plus ensoleillées de France — nous accueille sous un ciel gris et pluvieux, précisément le jour où le grand soleil aurait semblé déplacé.
Ce sera notre dernier voyage en Occitanie pour un moment. Mais après tant d’aventures au cours des quatre dernières années, il n’y a rien à regretter. Si vous cherchez plus d’informations ou un peu d’inspiration, n’hésitez pas à consulter nos amis blogueurs de L’Œil d’Eos et leurs guides de voyage sur la Catalogne française — ils habitent dans la région et en connaissent tous les recoins.
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