Avril 2022
En février, nous étions tous sûrs que la guerre s’arrêterait avant mon anniversaire, le 16 avril. Hélas, ce n’était pas le cas et, au moment où j’écris ces mots, elle dure encore et visiblement durera plus que ce qu’on ne l’imagine. On dit que le 30ème anniversaire est un anniversaire très spécial, mais pour être honnête, je préférerais que ce soit ennuyeux à en pleurer, je préfèrerais me goinfrer des sushis à emporter sans sauce soja comme nous l’avons fait pendant la pandémie – j’échangerais mon anniversaire « spécial » pour tout, si cela pouvait me mettre dans la réalité où la guerre en Ukraine n’existe pas.
Cependant, il y a des choses que nous ne pouvons ni choisir ni changer. Tant que cette horreur continue, nous devrons apprendre à vivre notre vie et rechercher tous les moyens disponibles pour trouver la joie aussi simple qu’ils soient.
Lors de la deuxième semaine de guerre, j’ai rencontré Audrey et Thierry qui étaient volontaires dans un centre humanitaire pour collecter de l’aide pour l’Ukraine. Ils étaient sur le point de partir en Pologne pour transporter l’aide humanitaire et pensaient amener quelques réfugiés ukrainiens (même si je préfère les appeler des personnes temporairement déplacées ) vers l’Union européenne. C’est la petite histoire de comment ma meilleure amie et sa famille se sont retrouvées à Toulouse. Mais ce n’est pas la fin, car leur gentillesse va au-delà de ces actions, qui étaient déjà plus que suffisantes. Ils nous ont invités dans leur maison de campagne dans la Haute-Garonne, non loin de Toulouse, pour un week-end – le but était de vider l’esprit et prendre l’air. Nous avons accepté.
C’était un vrai bonheur. Loin de la guerre et de la civilisation, loin de la connexion internet, loin de tout. Il n’y avait que du soleil et de la beauté de la nature, de la bonne compagnie et de la nourriture savoureuse. C’est bizarre à dire, mais malgré la guerre, malgré les atrocités, je me sentais heureuse. Ce fut un excellent anniversaire.
Nous aurions facilement pu passer trois jours à traîner sur l’herbe, laissant le temps couler du petit-déjeuner au déjeuner, qui se transformerait en dîner et ainsi de suite. Nous avons quand même réussi à rester actifs ! Le premier jour nous avons fait une longue marche de Ganties (le village en question) à Montespan pour voir le château que Louis XIV a offert à sa favorite. 7 km de balade à travers les collines verdoyantes et prairies pour accélérer la digestion du gâteau d’anniversaire.
Je déteste vivre dans la période où chaque jour, quelque chose se produit pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Je le déteste vraiment. J’essaie juste de garder à l’esprit que tout passe et que dans une perspective historique, cela ne durera pas trop longtemps. Ma tâche pendant ces semaines (mois ?) est de préserver ma santé mentale et de les remplir d’autre chose que du doom scrolling. Ce week-end à la montagne est un souvenir parfait pour nous réchauffer dans les moments difficiles.
C’était bizarre de sentir le bonheur de vivre dans le moment présent. Je pensais que ma génération n’aurait qu’à faire face aux problèmes sociaux et au réchauffement climatique, mais l’histoire avait autre chose en réserve pour nous tous. Bonne nouvelle : il y aura toujours de la gentillesse et de l’amitié, il y aura toujours des gens prêts à aider. Il y aura toujours de la beauté et de l’amour. Mauvaise nouvelle : il y aura toujours des guerres aussi longtemps que l’humanité existera.
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