Octobre 2022

Notre visite en Grèce jusque-là n’a été qu’une moitié de visite – trois heures d’escale à Thessalonique, est-ce que ça compte ? Non, je ne le pensais pas non plus. Pourtant, ces trois heures misérables ont suffi à diminuer notre potentielle envie de revenir. (Désolée, Thessalonique, je suis sûre que le personnel de l’aéroport a tout simplement passé une mauvaise journée pour être aussi peu agréable). D’ailleurs, la seule image que nous avions sous les yeux en entendant parler du tourisme en Grèce était celle des instagirls et des instaboys à Santorin, donc nous n’étions vraiment pas pressés d’ajouter la Grèce à notre liste de voyages à venir.

Puis, en 2022, quelque chose d’inattendu s’est produit. Alors que j’étais au plus bas à cause de la guerre en Ukraine, j’ai commencé la lecture de « Circé » – un livre écrit par Madeline Miller. Cinq livres sur la mythologie grecque plus tard, nous étions dans l’avion pour la Crète.

Pourquoi la Crète?

Lorsque nous avons commencé à rechercher des destinations possibles en Grèce, il a été vite évident que le choix ne serait pas facile à faire : ce pays regorge de lieux si beaux et intéressants qu’on ne savait pas par où commencer du tout. Que choisir ? Quelques îles ? Athènes pour commencer ? La Grèce continentale ? Revenir à Thessalonique ?!

Finalement, notre décision commune était la Crète. Pour deux raisons :

  • Nous pouvons facilement voyager en Crète en scooter (notre voyage en scooter autour de Majorque était époustouflant, on voulait revivre cette expérience !)
  • La Crète peut être visitée en deux semaines en mode slow travel.
  • Bonus : ceux qui partagent ma folie de mythologie grecque conviendront que la Crète est une destination parfaite !

Quelques chiffres :

Nous avons loué notre scooter chez Eurodriver. Tout était parfait, y compris les prix, la communication et les conditions.

Juste un peu de statistiques :

Dates du voyage : 8 octobre – 22 octobre 2022 (15 jours avec les jours d’arrivée et de départ)

Conditions météo : 20-24C° sauf trois bonnes journées de tempête (qui ont fait pas mal de dégâts dans certaines parties de l’île !)

Scooter : Yamaha Majesty 125cc

Distance : 950 km

Budget total : 2300€ pour tout, y compris les billets d’avion

Jour 1 : Arrivée. Héraklion

Je dois admettre que même si nous sommes déterminés à laisser derrière nous les blogs classiques et à arrêter de réécrire des guides de voyage dans nos articles, dès que nous avons mis les pieds à Héraklion, j’ai ressenti une immense envie d’écrire, de partager, de prendre en photo chaque petit détail. Des pensées non-sollicitées telles que « Je DOIS mentionner cela lorsque j’écris sur la Crète » refusaient de quitter mon esprit. C’est un bon signe je suppose. De plus, cette fois-ci, nous avons décidé de mettre à l’épreuve nos compétences en photo et de prendre uniquement un appareil photo analogique doté de six rouleaux de film. Toute une aventure ! Je me demande comment elle n’a pas rendu mes cheveux gris ! Mais voici mes notes sur Héraklion.

Église Saint Titus

Un des millions de chats que nous avons vus en deux semaines

Tout le monde, y compris ces mêmes guides de voyage que nous refusons de copier ici, affirmaient une chose : ne perdez pas votre temps à Héraklion et plongez directement dans la beauté de l’île ailleurs. Avec le recul, je comprends ce qu’ils voulaient dire. Pourtant, je ne peux pas dire qu’Héraklion ne mérite aucune attention – après tout, c’est la capitale de l’île, où les gens vivent leur vie quotidienne avec ou sans touristes. Donc, en termes de possibilité de faire un peu de “people-watching”, c’est une excellente introduction au voyage en Crète.

Forteresse dHéraklion

Atelier d’art religieux

Jour 2 : Héraklion – Monastère dArkadi – Réthymnon

Le highlight de notre deuxième journée a été la visite du musée archéologique d’Héraklion – une autre étape d’introduction obligatoire pour comprendre la Crète et son histoire. Ainsi, j’ai découvert la civilisation minoenne. De nous deux, j’étais l’ignorante qui n’avait jamais entendu parler (ou oublié depuis très longtemps) de la première civilisation européenne qui existait bien avant Zeus, Athènes et Co. C’est fascinant. En général, je suis facilement touchée par les musées, mais c’était quelque chose de particulier, surtout dans les circonstances actuelles (je parle bien sûr de la guerre), lorsque la ville natale de mon père a été annexée à la Russie qui la proclamaient “russe à jamais”*. Je me demande, les Minoens pensaient-ils aussi que leur existence durerait éternellement ?

* “A jamais” signifiait en fait quarante jours, Kherson fut libérée en novembre.

Une chose (probablement la seule) que j’aime chez l’humanité est son désir de rechercher la beauté. On a du mal à imaginer comment vivaient exactement les Minoens, mais ils prenaient déjà le temps, il y a quatre mille ans, de dessiner de belles pieuvres sur leurs vases car avoir une simple amphore ne suffisait pas.

Après le musée, nous avons fait un arrêt au monastère d’Arkadi avant de continuer jusqu’à notre destination finale de la journée : Réthymnon.

La lumière du monastère d’Arkadi

Jour 3 : Réthymnon – Lac Kournas – La Canée

Lorsque nous avons vu Réthymnon tard dans la nuit la veille, nous avons été quelque peu surpris : la ville avait l’air tellement touristique comme si elle avait été créée pour un seul but : pour nourrir les foules de touristes français, allemands et britanniques (je ne suis toujours pas sûre que ce soit totalement faux). Après une journée passée sur des routes de montagne désertes en respirant l’air pur de la nature méditerranéenne, c’était un peu oppressant. Mais comme partout, tout dépend de l’endroit où l’on va, et après tout, ne sommes-nous pas nous-mêmes des touristes français et ukrainiens avides de tzatziki ? À la lumière du jour, Réthymnon semblait être un endroit beaucoup plus accueillant, nous pouvions donc apprécier sa beauté. Dès que vous quittez le touristique « Disneyland », Réthymnon révèle sa véritable vie locale – ce que nous recherchons lors de nos voyages.

La première fois que je vois des grenades hors les marchés.

En espérant passer mes vieilles années comme cette dame

L’une des choses qui a le plus frappés en Crète était la couleur de la mer. Nous sommes allés dans quelques endroits aux eaux incroyablement transparentes, comme les Calanques de Marseille ou Malte, mais en Crète, la mer nous a complètement époustouflés. Les habitants disent que la faune marine a considérablement diminué au cours des dernières années, mais nager dans les eaux de Crète était néanmoins une expérience très spéciale et tout simplement merveilleuse.

La plage de Vythos – notre première baignade en Crète

Nager dans la mer, c’était fait, on était prêt pour le lac. Le lac de Kournas est un endroit pittoresque, loin des images habituelles de la Crète. Je soupçonne qu’en haute saison, il doit y avoir beaucoup de monde, mais comme nous avons voyagé les derniers jours de la saison, le lac n’appartenait qu’à nous. Aller en Crète en octobre est certainement l’une de nos meilleures décisions en matière de timing : pas de monde, pas de chaleur, mais toujours possible de se baigner. Bingo.

Le lac de Kournas

Jour 4 : La Canée – Olivier de Vouves – Kissamos

Si Réthymnon ressemblait à un immense laboratoire de nourriture, doublez-le pour La Canée. Même si la ville est belle avec une ambiance estivale décontractée, elle regorgeait de monde malgré la fin de la saison touristique. La meilleure chose de notre séjour à La Canée a été lorsque j’ai vu Pavlos – un CouchSurfer que j’ai rencontré en Ukraine il y a onze ans ! À La Canée également, nous nous sommes rendus compte que six rouleaux de pellicule ne suffiraient jamais et avons acheté trois films supplémentaires. Il s’est avéré que nous n’en avions pas vraiment besoin, mais mieux vaut prévenir que guérir.

En recherchant des informations sur la Crète, nous avons découvert qu’elle ne possédait pas un mais deux oliviers centenaires. Vous avez peut-être déjà deviné que j’aime réfléchir (à voix haute) du temps qui passe, alors rencontrer un arbre ancien et toucher à l’histoire vivante a immédiatement été mis sur notre liste de choses à faire en Crète. L’olivier de Vouves ressemble à un grand-père sage qui a vu beaucoup de choses (pas toujours bonnes) dans sa vie. Il a vu les bombardements allemands, la dictature du colonel et même Thésée et le Minotaure. 3500 ans – c’est l’âge estimé de cet arbre. Rien qu’y penser accélère le battement de mon cœur.

Olivier de Vouves

Plage de Ravdoucha

Le quatrième jour, nous avons vécu le cauchemar de chaque photographe. Dans notre « carrière » photographique, nous avons déjà oublié l’objectif loué exprès pour l’occasion, supprimé les photos avant de les transférer sur le PC, brisé l’objectif contre une route asphaltée et passé deux mois de voyages en JPG au lieu du mode RAW. Nous avons désormais débloqué un autre achèvement : nous avons ouvert la porte arrière de la caméra sans avoir rembobiné le film. L’horreur ! Les fuites sur les photos de La Canée viennent donc de cet accident, mais ce n’est qu’après avoir développé le film que nous avons découvert que seules quatre images étaient complètement perdues – vraiment pas mal, car nous étions prêts au pire scénario. NE soyez PAS comme nous. N’oubliez pas de rembobiner la pellicule !

Jour 5 : Gramvoussa – Lagon de Balos – Phalassarna

En termes de pire expérience du voyage, ce serait malheureusement le tour en bateau vers l’île de Gramvoussa et la lagune de Bamos. Non, les sites naturels sont absolument magnifiques, rien à redire. Dans des circonstances différentes, ils figureraient sans doute sur notre liste des coups de cœur crétois. Le problème, c’est que nous n’étions pas les seuls à vouloir visiter ces merveilles naturelles, et le pire – tout ce monde au même moment (les inconvénients des voyages organisés – il n’y a aucun moyen de contourner ce problème). Il y a une route en terre battue menant à la lagune de Balos mais nous n’avons pas osé mettre notre scooter à cette épreuve – je ne pense pas que le service de location l’aurait apprécié non plus. On a dû opter pour le tour en bateau…

Il y a bien longtemps qu’on s’est rendu compte que « faire pas comme les autres » était un concept assez absurde. Tout le monde est comme les autres tout en pensant ne pas être comme les autres. Pourtant, j’aurais aimé que nous choisissions un autre moment ou une autre façon de visiter la lagune de Balos sans une horde géante de touristes qui naviguaient à travers les magnifiques paysages de Crète avec la musique d’Ed Sheeran comme accompagnement. Sérieux, j’ai dû me boucher les oreilles parce que je voulais écouter les sons de la Grèce et non retrouver l’ambiance de Newcastle d’il y a cinq ans. Suis-je un snob grincheux ? Ouais, peut-être.

Je souligne que ce n’est pas la faute de Balos, car la mer, la nature et les couleurs sont incroyablement belles. La nature est le meilleur artiste et j’aimerais que nous, les humains, soyons plus prudents avec elle.

Revenir à Kissamos a été un soulagement – nous pouvions enfin être seuls et profiter de la route tranquille jusqu’à Phalassarna sans que “I’m in love with a shape of you” ne me crie à l’oreille.

À Phalassarna, nous avons séjourné dans un petit hôtel, Hotel Sun Set Kampouraki Maria, qui est également une taverne du même nom et c’est un endroit que nous recommandons de tout cœur à tout visiteur de la région. La plus grande récompense pour la salade grecque revient à Sunset Tavern ! J’ai peur de compter combien de kilos de salade grecque nous avons consommés ces jours-ci, donc le jugement est juste, je le promets.

La taverne Golden Sunset à Phalassarna

Jour 6 : Phalassarna – Elafonissi – Paleochora

À la lumière du jour, Phalassarna était aussi belle et accueillante que le soir – regardez donc la couleur de cette mer !

Nous avons appris qu’à l’époque de la civilisation minoenne, Phalassarna était un port, mais le temps, le climat et les changements terrestres ont éloigné l’ancien port du littoral. Malheureusement, le site archéologique était fermé aux visiteurs, mais même de l’extérieur, il a suffi pour lancer un agréable flux de réflexions sur l’histoire.

Église Saint-Georges

Nous avions un doute désagréable que la plage d’Elafonissi – un autre endroit qui figure sur une carte postale sur deux vendue dans les boutiques de souvenirs – serait aussi fréquentée que la lagune de Balos. Oui et non. Certes, nous n’étions pas les seuls à venir nager dans un magnifique lagon au sable rose, cela se voyait au flux des voitures de location qui se dirigeait dans la même direction. Cependant, être autonome sans dépendre des horaires du bateau rendait la tâche moins pénible. Nous avons vraiment apprécié la plage d’Elafonissi. Regarder les gens là-bas était également génial – imaginez toutes ces instagirls posant avec la jambe fléchie ! Ne vous inquiétez pas, j’en ai fait aussi de photos comme ça ! :)

Notre chambre à Paleochora

Un autre point parfait de ce voyage était la liberté totale en termes d’hébergement. Contrairement à l’Islande ou même à Majorque, où il fallait réserver longtemps à l’avance pour bénéficier d’un rapport qualité-prix passable, en Crète, nous pouvions nous occuper de logement quelques heures avant la tombée de la nuit – c’est rare.Surtout s’il s’agit dans des endroits touristiques comme la Crète.

Jour 7 : Paleochora – Gorges de Samarie – Chóra Sfakíon

La matinée du septième jour a commencé avec un chat dans notre lit. La Grèce a révélé de nouvelles facettes de moi – une qui aime les chats et une autre qui veut apprendre à dessiner, mais j’en parlerai probablement un peu plus tard. Ce jour-là, le programme était serré : prendre un ferry pour Agía Rouméli pour une randonnée dans les gorges de Samarie, puis un autre ferry pour Chora Sfakion. La traversée en ferry était si belle qu’elle m’a fait mal au cœur.

Agía Rouméli

Les Gorges de Samarie est un site naturel qui propose plusieurs sentiers de distances différentes. Comme nous n’étions pas d’humeur très sportive, nous avons opté pour un parcours de 14 km, et c’était une bonne solution pour assouvir notre envie de randonnée mais sans nous fatiguer plus que nécessaire pour une bonne nuit de sommeil. Bref, la randonnée était géniale. Revenir en ville, déjeuner puis se dégourdir les jambes sur la plage de sable noir et foncé était probablement la meilleure partie de cette expérience.

Un coq debout sur son trophée

Endroit parfait pour attendre le ferry

Loutró

Les villages que nous avons traversés ressemblaient à des cartes postales grecques classiques, avec de l’eau claire et des maisons blanches bien belles et propres. Prendre le ferry était également une bonne solution car nous pouvions ainsi voir plusieurs de ces villages, même de loin. En scooter, cela aurait été impossible.

Chóra Sfakíon 

Jour 8 : Chóra Sfakíon – Plakias – La plage de Preveli – Kamilári

Même si le huitième jour a été le plus difficile pour nous au niveau météo (pour être plus précis, c’était un jour horrible, humide, venteux, et… bref, horrible), je me sentais tellement bien que j’en ai pleuré. Nous étions assis dans une boulangerie Chóra Sfakíon, mangeant de la tarte à la feta et aux épinards, buvant le meilleur café au lait de Crète et regardant les grosses gouttes de pluie tomber, et je me sentais si heureuse que les larme commencèrent à couler. Il y a une guerre dans mon pays, la planète est en train de mourir et je pleure parce que je me sens bien.

La plage de Preveli

Mouillés, froids et trempés, c’est ainsi que nous avons terminé la première partie de notre voyage en Crète. Une autre semaine s’annonçait, très différente en termes d’ambiance de la première, mais nous l’avons tout autant appréciée, sinon plus ! L’article sur l’Est de la Crète est en cours de préparation !

Comme il n’y a plus d’ »informations utiles », n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram – la page a l’air un peu morte, mais ce n’est pas le cas. Si vous avez des questions concernant le voyage, nous serons heureux de partager notre expérience. :)

A tout de suite !