Si vous considérez Marrakech comme un endroit chaud et ensoleillé où vous pourrez passer des vacances tranquilles et paresseuses, je vous suggère de changer d’attitude (sauf si vous prévoyez de ne jamais quitter votre riad pendant tout le séjour). Vous vous rendrez rapidement compte de l’énergie et de la concentration que Marrakech exigera de vous, alors que vous naviguerez dans ses rues au milieu de foules de touristes (tout aussi perdus et désemparés) et de locaux à vélo, en scooter, sur des ânes et des chevaux, passant à quelques centimètres de vous sans ralentir. C’est ÉPUISANT. Trouver un banc dans un coin tranquille d’un musée sera perçu comme trouver une oasis. Le matin où nous nous sommes levés à 4h30 pour prendre un bus pour Essaouira nous a semblé un moment incroyable de paix. Attention, je ne me plains pas, mais encore une fois – si vous cherchez à vous détendre plutôt qu’à changer de décor de manière plus dynamique, Marrakech n’est peut-être pas l’endroit que vous apprécierez. Ce qui m’amène à mon point suivant.

Nous avons passé cinq jours à Marrakech, et ce n’est qu’au quatrième jour que nous avons commencé à comprendre la ville. Les vélos et scooters ne nous terrifiaient plus, le labyrinthe de la médina semblait apprivoisable, et nous avons petit-à-petit commencé à nous sentir à l’aise. Juste avant de repartir pour la France, haha. Donc, si vos premiers jours à Marrakech vous paraissent oppressants, je vous conseille de garder deux choses en tête : premièrement – cela deviendra très vite plus facile ; et deuxièmement – même les Marocains venant d’autres régions trouvent Marrakech difficile à naviguer. Dès que cet état initial de confusion horrifiée passera, je vous assure que vous verrez la ville sous un autre jour – et avec un peu d’espoir, d’une manière plus positive.

En parlant du labyrinthe de la médina, si vous ne souhaitez pas acheter une carte SIM locale (nous ne l’avons pas achetée), pensez à installer maps.me ou à télécharger Google Maps hors ligne. Épinglez chaque endroit que vous voulez retrouver – car vous allez oublier où il se trouve, et c’est la certitude à 100 %. Un petit café sympa près d’un stand de babouches sur lequel vous êtes tombé par hasard ? Marquez-le immédiatement. Parce que sinon vous ne le retrouverez pas facilement.

Il y a plusieurs années, nous avons visité Tunis, où nous avons découvert notre première médina orientale. Nous nous serions perdus pour sûr sans la carte hors ligne. Comparée à Marrakech, elle semble petite, cozy et innocente.

Malheureusement, demander des directions aux locaux n’est pas toujours une option – et voici pourquoi.

Franchement, je déteste devoir soupçonner de mauvaises intentions chaque fois qu’une personne s’approche pour nous parler. Être constamment sur ses gardes en attendant des arnaques ou des pièges est épuisant et de plus, ce n’est pas la manière la plus agréable de parcourir le monde. Malheureusement, à Marrakech, c’est un état d’esprit qu’il faut adopter. Cela commence par des passants qui proposent de vous “indiquer le chemin” ou même vous accompagner jusqu’à votre destination (avec un risque élevé de finir n’importe où sauf la destination souhaitée). Cela s’étend aux faux sites d’aéroport, aux fausses compagnies de bus, et aux faux guides touristiques – la gamme d’arnaques est stupéfiante. Une des plus courantes est que quelqu’un vous dise que le lieu où vous vous dirigez (musée, palais, cimetière, etc.) est fermé, mais par chance, la boutique de son cousin est à seulement deux minutes de marche.

Nous avons aussi eu notre lot de mésaventures – en prenant un bus pour Essaouira, un monsieur a fait semblant de vérifier nos billets puis nous a montré les “meilleures” places pour nous y asseoir (comme si nous ne pouvions pas choisir nos propres sièges) et a ensuite demandé une récompense pour ses “services”. Le chauffeur du bus, se tenant non loin, semblait tout à fait à l’aise avec cette scène à laquelle il était manifestement habitué. En bref, si vous avez du mal à dire un “non” ferme, je vous conseille de le pratiquer avant de partir pour Marrakech.

On dirait que ce conseil est un principe de base, directement dérivé du bon sens. Chaque fois que l’on parle de “nombreux touristes”, de “foules” et de “lieux touristiques célèbres”, que ce soit à La Havane, Marrakech, Paris ou Barcelone, cela sous-entend également “gardez un œil sur vos affaires”. Pourtant, pour la première fois de notre vie, Xavier a littéralement attrapé une main en train de fouiller dans son sac. La main et son propriétaire se sont retirés sans résistance et se sont fondus dans la foule, les sourcils levés d’un air désolé, mais notre paranoïa a été multipliée par cent. Et à juste titre.

Je n’ai jamais été douée pour ça, et aussi désagréable que soit l’idée de marchander, il faut s’y mettre. Sinon, vous finirez par payer trois fois le prix pour vos achats. Vous ne verrez aucune étiquette de prix dans les souks, donc encore une fois, l’art de dire “non” peut être très utile. Gardez simplement à l’esprit la fourchette de prix que vous êtes prêt à payer. J’ai fini par acheter un beau sac fait main, et même s’il est probablement possible de le trouver moins cher ailleurs, je suis contente d’avoir vécu l’expérience du marchandage jusqu’au bout. N’oubliez pas, tout cela n’est qu’un jeu !

Aïe, ce sujet est délicat. Et pas seulement à Marrakech. En tant que photographes passionnés mais timides lorsqu’il s’agit de photographier des gens, Marrakech s’est révélée être un défi. La ville est incroyablement photogénique, mais en même temps, je comprends parfaitement les habitants qui ne sont pas ravis d’être photographiés toute la journée alors qu’ils essaient simplement de vaquer à leurs occupations.

Pour un touriste européen, c’est un “portrait merveilleux d’un Marocain en djellaba sur un âne”, mais pour le type sur l’âne, c’est “le millième touriste en chapeau prenant une photo de lui et de son âne”. Je ne donnerai pas de conseils sur la manière de gérer cette situation correctement (je ne suis pas sûre de l’avoir fait de la meilleure façon non plus), mais personnellement, j’ai essayé de comprendre si quelqu’un réagissait avec exaspération à ma caméra et agir en fonction.

Si vous êtes nouveau sur notre blog, voici un petit récapitulatif : Xavier vient de France, je viens d’Ukraine, et nous vivons en France depuis six ans. Cependant, j’ai trouvé complètement surprenant à quel point les marocains (ou du moins les marocains à Marrakech) parlent couramment français. Oui, bien sûr, il y a des raisons historiques, un passé colonial et des liens économiques actuels, mais je ne m’attendais pas à ce que le français soit si omniprésent à Marrakech. Je ne suis pas sûre si c’est le cas pour l’anglais, mais une chose est certaine : avec le français vous vous débrouillerez très bien.

Au début, j’étais très timide à l’idée de parler directement en français avec quelqu’un, car en tant qu’Ukrainienne, je DÉTESTE quand des étrangers me parlent en russe. Cependant, j’ai progressivement abandonné cette réserve. Tant que la personne est à l’aise avec la langue que nous partageons, ça va pour moi aussi.

Oui, mais tu étais avec ton mari ! – pourrait-on objecter. C’est vrai, mais comme nous dessinons beaucoup (ce qui est beaucoup mieux toléré que les photographies !), il n’est pas rare que je finisse plus tôt et que je parte me promener seule. Je n’ai eu aucune sollicitation ni autre forme d’attention indésirable concernant mon genre. À Tunis, je ne pouvais pas passer une minute seule sans que quelqu’un essaie de me parler ou fasse une remarque sur mon apparence. À Marrakech, j’avais l’impression que les gens se moquaient complètement de ma simple présence. J’ai soigneusement choisi ma garde-robe pour ne pas inclure de vêtements trop révélateurs ou moulants, mais j’ai vite réalisé que les touristes en crop-tops ou en décolletés larges n’attirent pas non plus de regards déplacés. Cela dit, je ne commenterai pas sur la question de savoir si c’est éthique ou correct de s’habiller d’une manière ou d’une autre dans tel ou tel pays, et, de manière générale, je suis contrariée qu’un paragraphe sur la sécurité ou le confort des femmes doive être écrit tout court.

Quelques-unes des raisons pour lesquelles nous aimons voyager sont l’élargissement de nos horizons, la découverte d’autres modes de vie et… la prise de conscience de notre privilège. Comme je l’ai dit plus tôt, je suis Ukrainienne, donc je ne peux pas dire que le privilège soit quelque chose que j’aie beaucoup vu pendant la plus grande partie de ma vie. Avec la guerre qui ravage mon pays, j’ai droit à une grande dose de cruauté, de violence et de haine au quotidien. Pourtant, beaucoup de choses que nous avons vues à Marrakech m’ont profondément secouée. Le travail des enfants, les mendiants, les personnes dont la subsistance dépend de la vente de babioles à un centime, et la cruauté envers les animaux. Je ne vis pas dans un monde d’illusions, et je SAIS qu’en France il y a aussi beaucoup de problèmes. Mais à Marrakech, je l’ai vu juste devant mes yeux et en quantité impressionnante.

Je ne vais pas entrer dans les détails, mais préparez-vous à voir des cages remplies de poules qui se font décapiter une à une, juste là dans un stand du souk. En tant que mère de quatre adorables poules, je n’arrive pas à me sortir cette image de la tête.

Surtout si votre hébergement est situé près d’une mosquée et que vous n’avez aucune intention de commencer votre journée avant 5h du matin, l’heure de la première prière de la journée. Je dors profondément, mais je suis très contente d’avoir pris mes bouchons d’oreilles pour atténuer la voix du muezzin.

Ce conseil me fait toujours sourire, car le seul endroit où nous n’avions pas peur de l’eau du robinet, c’est en Islande. 😀 Néanmoins, il paraît que boire l’eau du robinet locale (même sous forme de glaçons dans les boissons) pourrait sérieusement gâcher votre voyage. Je n’avais pas envie de vérifier, et je ne pense pas que vous en ayez envie non plus.

Je suis convaincue que c’est une énorme conspiration, le boss final des arnaques, mais pour une raison obscure, l’aéroport de Marrakech n’accepte pas les cartes d’embarquement numériques. Comme les gens ne voyagent généralement pas avec leur imprimante, ils doivent payer pour imprimer leurs documents de voyage. Naturellement, beaucoup en ont fait un business. 2 € pour imprimer 2 cartes d’embarquement dans notre riad – c’est la dépense de ce voyage qui m’a fait le plus mal.

Aussi, assurez-vous d’arriver bien en avance : le contrôle des passeports, les contrôles de sécurité et autres formalités étaient extrêmement stressants, et nous avons à peine réussi à passer à temps à cause des embouteillages. J’ai eu de la peine pour les gens qui couraient partout à la recherche d’un endroit pour imprimer leurs cartes d’embarquement…

Et une dernière chose – pensez au bus ! La ligne de bus 19 plus précisément. Pour 30 Dn, elle nous a emmenés directement à l’aéroport. Le bus 19 est facile à trouver, et ainsi nous avons évité toute la procédure de négociation avec les chauffeurs de taxi. Un élément de stress en moins !

Naturellement, tous ces conseils sont basés uniquement sur notre propre expérience. Nous ne réécrivons pas les guides de voyage, donc nous n’offrons pas d’alternatives ni de multiples façons de faire telle ou telle chose. J’espère cependant que vous trouverez ces astuces et observations utiles.

N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez une question, quelque chose à ajouter, ou si vous avez vécu une expérience différente à Marrakech – nous sommes toujours ravis de lire vos messages.

Rendez-vous sur les prochains articles sur Marrakech. 🐪